Distribution et variété

La plupart des crabes vivent dans la mer ; même les crabes terrestres, qui sont abondants dans les pays tropicaux, visitent généralement la mer de temps en temps et y passent leurs premiers stades. Le crabe de rivière du sud de l’Europe (Potamon fluviatile) est un exemple de crabe d’eau douce abondant dans la plupart des régions chaudes du monde. En règle générale, les crabes respirent par des branchies, qui sont logées dans une paire de cavités sous les côtés de la carapace, mais chez les véritables crabes terrestres, les cavités s’élargissent et se modifient de manière à agir comme des poumons pour respirer de l’air.

La marche ou la reptation est le mode de locomotion habituel, et la démarche latérale familière du crabe de rivage commun est caractéristique de la plupart des membres du groupe. Les crabes de la famille Portunidae, ainsi que quelques autres, nagent avec une grande dextérité au moyen de leurs pattes aplaties en forme de pagaie.

Comme beaucoup d’autres crustacés, les crabes sont souvent omnivores et agissent comme des charognards, mais beaucoup sont prédateurs et certains sont végétariens.

Bien qu’aucun crabe ne soit vraiment parasite, certains vivent en commensalité avec d’autres animaux. Un exemple est le petit crabe des pois (Pinnotheridae), qui vit à l’intérieur des coquilles des moules et d’une variété d’autres mollusques, de vers-tubes et d’échinodermes et partage la nourriture de ses hôtes ; un autre exemple est le crabe des galles coralliennes (Hapalocarcinidae), qui irrite les extrémités en croissance de certains coraux de sorte qu’ils se développent pour enfermer la femelle dans une prison de pierre. De nombreux crabes araignées paresseux (Majidae) recouvrent leur carapace d’algues, de zoophytes et d’éponges en croissance, ce qui leur offre un déguisement très efficace.

Le crabe géant du Japon (Macrocheira kaempferi) et le crabe de Tasmanie (Pseudocarcinus gigas) sont deux des plus grands crustacés connus. Le premier peut atteindre près de 4 mètres (12 pieds) d’un bout à l’autre de ses pattes étendues. Le crabe de Tasmanie, qui peut peser plus de 9 kg, a des pinces beaucoup plus courtes et plus robustes ; la pince principale peut mesurer 43 cm de long ; le corps, ou carapace, d’un très gros spécimen peut mesurer 46 cm de large. À l’autre extrême, on trouve de minuscules crabes ne mesurant à l’âge adulte guère plus d’un centimètre ou deux de longueur.

Les crabes anomuriens mieux connus sont les bernard-l’hermite, qui vivent dans des coquilles vides rejetées par des mollusques gastéropodes. Lorsque le crabe grandit, il doit trouver une coquille plus grande à occuper. Si l’offre de coquilles vides de taille appropriée est limitée, la concurrence pour les coquilles entre bernard-l’ermite peut être sévère. Dans les pays tropicaux, les bernard-l’ermite de la famille des Coenobitidae vivent sur la terre ferme, souvent à une distance considérable de la mer, à laquelle ils doivent retourner pour libérer leurs larves. Le grand crabe voleur, ou crabe des cocotiers (un autre anomurien) des îles indo-pacifiques (Birgus latro) a abandonné l’habitude de porter une habitation portative, et la surface supérieure de son abdomen s’est recouverte de plaques d’écailles.

Comme chez la plupart des crustacés, les jeunes de presque tous les crabes, lorsqu’ils viennent d’éclore des œufs, sont très différents des parents. Le stade larvaire, appelé zoé, est un minuscule organisme transparent au corps arrondi et sans pattes, qui nage et se nourrit dans le plancton. Après avoir perdu sa peau plusieurs fois, le crabe en pleine croissance passe à un stade appelé mégalope, dans lequel le corps et les membres ressemblent davantage à ceux d’un crabe, mais l’abdomen est large et n’est pas replié sous le thorax. Après une nouvelle mue, l’animal prend une forme très proche de celle de l’adulte. Il existe quelques crabes, surtout ceux qui vivent en eau douce, qui ne passent pas par une série de stades larvaires libres, mais quittent la coquille de l’œuf sous forme d’adultes miniatures.