Le poème exquis et à plusieurs niveaux « Eishet Chayil » (« Femme de valeur »), a été écrit par le roi Salomon dans le cadre des Proverbes, un livre de grande sagesse. Nous chantons cette ode aux femmes avant le kiddouch du vendredi soir, alors que nous accueillons la reine du Shabbat. À un niveau plus ésotérique, certains commentateurs bibliques ont interprété « Eishet Chayil » comme un éloge de la sagesse1 ou de la Torah.2

« Eishet Chayil » est alphabétique. Chaque verset commence par une lettre hébraïque différente, car tout comme les lettres de l’alphabet hébraïque sont les éléments constitutifs de la création, la femme juive l’est aussi. Parmi les courbes et les contours élégants de l’alphabet se trouve le plan d’une vie pleine de sens, d’une vie de sagesse. « Eishet Chayil » symbolise cette sagesse et ce fondement.

Les femmes juives sont des conduits. Elles nourrissent, soutiennent et génèrent la création. Les lettres hébraïques parlent à travers elles, et « Eishet Chayil » leur est dédié :

Une femme de valeur, qui peut trouver ? Sa valeur dépasse de loin celle des perles. Le cœur de son mari a confiance en elle, et il ne manquera pas de fortune.

Elle rend son bien, mais jamais son mal, tous les jours de sa vie. Elle recherche la laine et le lin, et ses mains travaillent volontiers.

Elle est comme les navires d’un marchand ; deafar elle apporte sa subsistance. Elle se lève alors qu’il fait encore nuit, et donne de la nourriture à sa maisonnée et une ration à sa servante.

Elle considère un champ et l’achète ; du fruit de son travail manuel, elle plante une vigne. Elle se ceint les reins et renforce ses bras.

Art by Judy Belsky

Elle sent que son entreprise est bonne, aussi sa lampe ne s’éteint pas la nuit. Elle met sa main à la quenouille, et ses paumes soutiennent le fuseau.

Elle étend sa paume vers le pauvre et tend ses mains vers l’indigent.Elle ne craint pas la neige pour sa maisonnée,car toute sa maisonnée est vêtue de laine écarlate.

Couvre-lits qu’elle confectionne elle-même ; lin et laine violette sont ses vêtements. Son mari est bien connu aux portes, car il est assis avec les anciens du pays.

Des vêtements, elle en fait et en vend, et elle livre une ceinture au colporteur. La force et la splendeur sont ses vêtements, et c’est en souriant qu’elle attend son dernier jour.

Elle ouvre sa bouche avec sagesse, et l’enseignement de la bonté est sur sa langue. Elle anticipe les besoins de sa famille, et le pain de l’oisiveté, elle ne le mange pas.

Le pain est interdit à la Pâque.

Ses enfants se lèvent et la célèbrent ; et son mari, il la loue : « Beaucoup de filles ont atteint la valeur, mais tu les as toutes surpassées. »

Faux est la grâce, etvain est la beauté ; une femme craignant D-ieu, elle doit être louée.

Donnez-lui le fruit de ses mains, et elle sera louée aux portes par ses propres actions.

L’eishet chayil est une femme puissante, et elle a été au premier plan de la croissance spirituelle et communautaire de notre peuple depuis notre création. Avant le mont Sinaï, Moïse a d’abord présenté la Torah à la femme juive3, signifiant ainsi son rôle primordial dans la naissance et l’éducation de la nation. Aujourd’hui, c’est à la femme juive que sont confiées les trois mitzvahs centrales du foyer juif – la cacherout, le shabbat et le mikvah – grâce auxquelles elle perpétue la famille et sa paix. Et c’est au mérite de la femme juive que la rédemption finale aura lieu, apportant une ère de paix et de G-divinité au monde entier.4

Quel est le secret de la puissante influence, de la prévoyance et de l’intelligence de la femme juive ?

Selon le Talmud, les femmes ont été créées avec une dose supplémentaire de sagesse et de compréhension, appelée binah yeteirah. C’est plus profond que « l’intuition féminine » ; c’est la capacité d’entrer dans quelque chose et de le comprendre de l’intérieur.

« Eishet Chayil » s’ouvre sur les mots « Une femme de valeur, qui peut trouver ? Sa valeur est bien supérieure à celle des perles. » Pourquoi comparer la valeur d’une femme à celle des perles ? En hébreu, le mot pour « intérieur » (penima) est similaire au mot pour « perle » (penina). Une perle ne peut se former qu’à l’intérieur d’une huître.

Les perles naturelles se forment lorsqu’un irritant, généralement un parasite, se fraie un chemin dans une huître. Comme mécanisme de défense, un fluide est utilisé pour enrober l’irritant. Couche après couche, ce revêtement est déposé, jusqu’à ce qu’une perle éblouissante soit formée.

Les irritants sont encombrants. Les irritants sont gênants. Souvent, ils sont douloureux. Mais ils peuvent aussi être des catalyseurs de grandes transformations.

De même, l’eishetchayil fait face à des changements et des transitions, des pics et des vallées, des torsions et des virages.Elle équilibre les engagements et les responsabilités à la maison, dans la communauté et sur le lieu de travail. Mais à travers tous les irritants, les défis et les imperfections de la vie, la eishet chayil parvient à développer sa relation avec D-ieu, car elle sait que c’est Lui qui la soutient à travers les flux et les reflux. Grâce à des couches successives de force, de courage, de persistance, de sagesse et de valeur, elle se transforme en une perle. Et elle est radieuse.

Les mots glorieux de « Eshet Chayil » font appel au potentiel intérieur, qui attend d’être révélé dans chaque femme…

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