Deux articles conjoints démontrent que l’administration d’oxygène peut aider les prématurés à respirer de manière autonome plus tôt. Image :

– par Michael Becker, Frontiers Science Writer

Parvenir à ce que les bébés prématurés respirent sans assistance a toujours été une mission stressante pour les médecins. Mais en ventilant soigneusement les bébés avec 100% d’oxygène, les chercheurs ont trouvé un moyen de faire démarrer ces premiers moments d’indépendance.

The Effect of Initial High vs Low FiO2 on Breathing Effort in Preterm Infants at Birth : A Randomized Controlled Trial
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La respiration spontanée à la naissance est essentielle pour que les médecins puissent éviter de recourir à des interventions respiratoires invasives sur des nouveau-nés fragiles. Mais l’hypoxie – un manque d’apport adéquat d’oxygène au corps – est un énorme inhibiteur de la respiration naturelle et un risque particulièrement important pour les bébés prématurés.

Cependant, il pourrait y avoir de l’espoir à l’horizon. Le Dr Janneke Dekker et le professeur Arjan te Pas du Centre médical universitaire de Leyde, aux Pays-Bas, et le professeur Stuart Hooper de l’Université Monash, en Australie, ont démontré comment l’oxygène peut être utilisé pour résoudre ce problème dans deux études de recherche, qui figurent toutes deux dans Frontiers in Pediatrics.

La plupart des prématurés ont besoin d’une certaine forme d’assistance à la naissance en raison de leur faible force musculaire et du fait que leurs poumons ne se sont pas entièrement développés. Cette assistance est généralement fournie de manière non invasive par l’utilisation d’un masque facial afin d’éviter des procédures plus compliquées qui risquent de provoquer des lésions pulmonaires et cérébrales. Mais pour que le masque facial soit efficace, les prématurés doivent déjà respirer par eux-mêmes. Alors comment encourager cette première respiration ?

On pensait que donner de l’oxygène pur dans les premiers instants du bébé pouvait le stimuler à respirer plus profondément et plus fréquemment, mais l’équipe devait s’assurer que la théorie était solide en principe avant de passer à des études cliniques sur des bébés humains.

Le premier article a fourni les bases. Dekker et ses collègues ont divisé 26 chatons de lapin prématurés qui avaient des difficultés à respirer en deux groupes qui ont reçu une assistance respiratoire non invasive à la naissance. Un groupe a reçu 21 % d’oxygène via un masque facial (équivalent à la quantité normale d’oxygène dans l’air) et l’autre groupe a reçu 100 % d’oxygène. Ils ont constaté que l’administration d’oxygène pur immédiatement après la naissance entraînait une respiration plus stable ainsi qu’un meilleur rythme respiratoire.

Avec ces résultats prometteurs en tête, Dekker a porté son attention sur des études cliniques chez l’homme.

Dans le deuxième article, Dekker a utilisé une technique similaire pour stimuler la respiration chez les bébés humains prématurés. Comme pour la première étude, 52 bébés prématurés ont été stabilisés à la naissance et répartis au hasard dans deux groupes de traitement. L’un d’eux a reçu une concentration initiale d’oxygène de 30 % via un masque facial non invasif et l’autre groupe a reçu une concentration initiale d’oxygène de 100 %. La quantité d’oxygène présente dans le sang du bébé a été mesurée à l’aide d’une sonde d’oxymétrie de pouls et comparée aux valeurs de référence recommandées au niveau international. L’oxygène du masque facial était ensuite ajusté pour maintenir un niveau d’oxygène du sang dans ces fourchettes recommandées.

Les résultats obtenus correspondaient à leurs prédictions : les prématurés du groupe 100% O2 avaient un taux d’effort respiratoire plus élevé ainsi qu’un meilleur taux d’oxygénation, et avaient finalement besoin de moins de temps de ventilation en pression positive. Cela signifie que les organes et les tissus vitaux de ces nourrissons fragiles recevaient une plus grande quantité du précieux oxygène dont ils avaient besoin pour survivre et pouvaient être indépendants de la respiration assistée plus tôt.

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Alors pourquoi ne pas donner à tous les bébés 100% d’oxygène en permanence ? Parce que trop d’oxygène peut aussi être une mauvaise chose. On sait que des concentrations élevées d’oxygène au fil du temps peuvent conduire à l’hyperoxie – une situation potentiellement dangereuse qui cause des dommages aux tissus. Dekker et ses collègues ont pris soin d’éviter cela en diminuant lentement – en titrant – la quantité excessive d’oxygène lorsqu’il est devenu clair que les bébés n’avaient plus besoin de ce soutien.

Ce jeu d’équilibre prudent consistant à stimuler les bébés à respirer avec un excès d’oxygène, puis à le réduire une fois qu’il n’est plus nécessaire pourrait sauver des vies à l’avenir.

Avant que cela ne se produise, Dekker note que : « cet essai clinique n’a pas été conçu pour démontrer des différences significatives dans les résultats cliniques, mais plutôt pour fournir des connaissances sur l’un des facteurs qui pourraient améliorer l’effort respiratoire à la naissance. La prochaine étape consistera à combiner cette nouvelle technique dans un ensemble de soins et à comparer les résultats aux pratiques cliniques actuelles. »

Bien que d’autres recherches doivent être menées avant d’utiliser la technique à l’échelle mondiale, le Dr Arjan te Pas, rédacteur en chef de Frontiers Field, estime que les résultats sont passionnants :

« La découverte que l’oxygénation est un facteur dominant de l’effort respiratoire à la naissance est passionnante car elle offre la possibilité de mieux soutenir les prématurés de manière non invasive. Les connaissances acquises grâce à cette recherche pourraient nous aider à concevoir de futures études sur l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation de l’oxygène à la naissance, sans augmenter les risques qui sont associés à l’hyperoxie. »

Article original : The Effect of Initial High vs Low FiO2 on Breathing Effort in Preterm Infants at Birth : A Randomized Controlled Trial

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