Le venin de serpent n’est pas quelque chose que l’on consomme intentionnellement – en fait, nous avons tendance à fuir les serpents à tout prix. Mais disons que vous êtes à une rave et que quelqu’un vous lance une pilule censée contenir du venin de serpent séché. Du point de vue de la biochimie, est-il possible d’utiliser le venin de serpent comme une drogue récréative ?

Regardons les molécules contenues dans le venin de serpent, ce qu’elles font au corps humain, et un cas où le venin pourrait vous faire planer.

Les produits chimiques dans le venin de serpent
Le venin de serpent est un cocktail salivaire d’enzymes et de lipides, et cette concoction change d’une espèce à l’autre. Le venin se décline en plusieurs variétés, comme hémotoxique (endommageant les tissus et empêchant la coagulation du sang), cardiotoxique (provoquant une dépolarisation du muscle cardiaque et des battements irréguliers), et neurotoxique (donnant une paralysie temporaire et un arrêt de la respiration).

En raison des nombreuses variations des composants protéiques du venin de serpent, toutes les morsures de serpent ne donnent pas le même résultat physiologique. Les crotales contiennent souvent un venin hémotoxique, tandis que les cobras contiennent généralement un venin neurotoxique.

Les cobras sont souvent mentionnés dans les rapports sur l’utilisation du venin de serpent comme drogue récréative. Il y a un peu de contexte biochimique qui suggère que cette utilisation récréative fonctionne. La cobratoxine, un composant du venin de cobra qui porte le nom idéal de cobratoxine, provoque une paralysie en empêchant la petite molécule d’acétylcholine de se lier à vos récepteurs nicotiniques d’acétylcholine, interrompant ainsi la transmission synaptique. Un faible niveau de paralysie temporaire est associé à certaines drogues récréatives, ce qui fait des cobras une cible idéale, tant que les effets hémotoxiques peuvent être évités.

Pilules rave coûteuses
En février 2012, des rapports de raves en Inde ont affirmé que les fêtards ingéraient des pilules utilisant du venin de cobra comme ingrédient actif ainsi que du venin séché saupoudré dans des boissons gazeuses et de l’alcool. Ces pilules, appelées K-72 et K-76, coûtent entre 400 et 500 dollars par dose, soit dix fois le prix de l’ecstasy en Inde. Les constituants chimiques et les effets du K-72 et du K-76 ne sont pas décrits, laissant la teneur réelle en venin séché par pilule inconnue.

De précédents reportages notent que le K-72 et le K-76 sont des mots de code utilisés par les contrebandiers pour désigner du venin liquide. Les syndicats de la drogue utilisent couramment des serpents venimeux pour faire passer des drogues illicites, car les douaniers osent rarement ouvrir la cage.

En raison de la consistance du venin de serpent, sécher le liquide n’est pas une tâche facile. L’eau contenue dans le venin ne s’évapore pas facilement si un échantillon est laissé à sécher, ce qui nécessite un processus en plusieurs étapes au cours duquel le venin est lyophilisé.

Serpents venimeux + alcool = bocal de peur
Des cobras trempés dans du vin de riz ou de l’alcool éthylique sont souvent utilisés comme médicament ou pour démarrer un week-end particulièrement bizarre. Ce vin de serpent est une substance extrêmement intoxicante en raison du solvant – l’alcool de grain – qui, selon les buveurs, infuse le liquide avec les fluides corporels du serpent.

Boire du vin de serpent est essentiellement inoffensif – puisque le venin de serpent est composé de protéines, ces protéines sont dépliées et rendues inactives par l’alcool. Consommer du venin séché est considérablement plus dangereux que d’ingérer du venin avec de l’alcool, car les protéines pénètrent dans le corps dans leur état plié et opérationnel. Une petite quantité de venin séché, si elle est correctement solubilisée dans votre corps, pourrait entraîner une cascade d’événements d’effets physiques produisant une augmentation du rythme cardiaque de l’utilisateur, des vertiges et un engourdissement – en bref, des réactions similaires à certains narcotiques.

Après avoir descendu une bouteille de vin de serpent, certains buveurs aventureux découpent et mangent le serpent à l’intérieur. D’autres empruntent une voie différente, plus viscérale, lorsqu’ils consomment leur serpent avec de l’alcool, les barmans découpant les entrailles d’un serpent et versant les fluides frais directement dans un shot de vin de riz.

Se faire mordre pour se défoncer
Se faire mordre par un serpent est le moyen le plus direct de ressentir un « high », et, avec certains types de serpents, ce n’est pas mortel. Un article de 1990 examinant l’effet des morsures de serpent sur les héroïnomanes a montré que ces derniers préféraient les morsures de serpent à l’héroïne, et ne ressentaient que peu ou pas de manque lorsque les toxicomanes passaient des jours sans morsure.

Des médecins indiens ont rapporté deux cas d’individus ayant intentionnellement laissé des cobras les mordre pour se défoncer. Les deux utilisateurs avaient des antécédents de consommation de drogues et ont ajouté le venin de serpent à leur répertoire en raison de ses effets psychoactifs.

Avec le peu d’informations disponibles sur les pilules rave contenant du venin, il est impossible de confirmer que les pilules à 500 $ contenaient le moindre venin. Cependant, si vous souhaitez placer un serpent dans votre maison et agrandir votre armoire à alcool en même temps, le vin de serpent est largement disponible à la vente. Le seul véritable moyen de s’assurer que vous recevez les effets apaisants du venin d’un serpent est de choisir le bon type de serpent, puis de se faire mordre, une aventure dont je parierais que la plupart d’entre nous ne sont pas prêts à envisager.