Contrairement à certaines idées reçues, les chauves-souris ne sont pas des « rats volants ». En effet, les chauves-souris ne font même pas partie de l’ordre des rongeurs et sont plutôt des chiroptères. À l’échelle mondiale, l’ordre des chiroptères, du latin signifiant « aile de main », est actuellement composé de 18 familles, d’environ 174 genres et de plus de 900 espèces. Les chiroptères sont subdivisés en deux groupes principaux, appelés sous-ordres : les Megachiroptera, qui regroupent les chauves-souris frugivores de l’Ancien Monde, parfois appelées « roussettes », et les Microchiroptera, qui contiennent essentiellement toutes les chauves-souris qui ne sont pas des chauves-souris frugivores. Il existe quelque 164 espèces de chauves-souris frugivores, regroupées en 41 genres dans une seule famille, les Pteropodidae. Le Microchiroptera est le plus grand des sous-ordres, comprenant les 17 autres familles, 133 genres et environ 743 espèces. Parmi les microchiroptères, la famille la plus diversifiée est probablement celle des Phyllostomidae, ou chauves-souris à nez de feuille du Nouveau Monde, avec 49 genres, tandis que la plus grande famille est celle des Vespertilionidae (chauves-souris vespérales ou « du soir »), avec un nombre impressionnant de 308 espèces réparties en 34 genres.
La taxonomie des chauves-souris est loin de faire l’unanimité et il existe plusieurs taxonomies différentes proposées. Au cours des dernières années, l’avancement des techniques de séquençage moléculaire a permis d’obtenir une image plus claire de la façon dont les différentes espèces de chauves-souris sont liées, mais il y a encore beaucoup à faire. Pour les besoins de cet article, j’ai choisi de suivre le schéma présenté par David Macdonald dans sa révision de 2001 de The New Encyclopedia of Mammals.
Jusqu’à la fin des années 1960 et au début des années 1970, la majorité des cladistes des chauves-souris considéraient que celles-ci formaient un groupe monophylétique (c’est-à-dire qu’elles sont les plus proches parentes les unes des autres) et cette idée signifiait que le vol motorisé n’avait évolué qu’une seule fois chez les mammifères. Des études menées sur le cerveau de chauves-souris frugivores au milieu des années 1980 ont conduit John Pettigrew, du laboratoire de neurosciences de l’Université du Queensland, à suggérer, cependant, que les méga et microchiroptères ont évolué indépendamment de deux groupes distincts de mammifères non volants – cette idée est souvent appelée l’hypothèse de la diphylie.
Pettigrew a découvert que les mégabates avaient des voies neurales très avancées entre les yeux et le cerveau, plus proches de celles observées chez les primates. Si Pettigrew a raison et que les chauves-souris sont vraiment diphylétiques (c’est-à-dire qu’elles ne forment pas un groupe unique ayant évolué à partir d’un ancêtre commun), alors le vol doit avoir évolué deux fois ; une fois chez les mégachrioptères (mégabates) et une autre fois chez les microchiroptères (microchats). Aussi séduisante que soit l’hypothèse de Pettigrew, elle n’est soutenue que par une poignée d’études (dont une portant sur le système nerveux et une autre sur la morphologie du pénis), alors qu’au moins 30 études soutiennent l’idée d’un groupe monophylétique. Ainsi, bien que le jury ne se soit pas encore prononcé sur le débat monophylie/diphylie, le consensus est que les chauves-souris forment un seul groupe qui a évolué à partir d’un seul ancêtre commun non volant.
Le Royaume-Uni abrite 16 espèces de chauves-souris et, dans leur livre A Field Guide to British Bats, Frank Greenaway et Adam Hutson énumèrent sept espèces qui sont des vagabonds. Il y a seulement 12 ans, une dix-septième espèce figurait sur la liste de la faune des chauves-souris britanniques : la chauve-souris à oreilles de souris (Myotis myotis). Deux années de recensement des chauves-souris n’ont pas permis de trouver un seul individu et, en janvier 1990, cette petite chauve-souris charismatique est devenue le premier mammifère à être déclaré éteint au Royaume-Uni depuis l’abattage du dernier loup en 1745. Il y a cependant eu une lueur d’espoir lorsqu’une jeune chauve-souris à oreilles de souris a été trouvée en hibernation près de Chichester dans le West Sussex au cours de l’hiver 2002. Cette découverte ne suffit pas à réintégrer cette espèce dans notre liste de la faune existante, d’autant plus que les nombreux efforts pour retrouver un individu au cours de l’été suivant sont restés vains, mais elle représente une lueur d’espoir pour les agents de conservation des chauves-souris en Grande-Bretagne.
L’exemple suivant retrace la hiérarchie taxonomique de base de la petite chauve-souris fer à cheval (Rhinolophus hipposideros) et vise à illustrer le placement des chauves-souris parmi les autres animaux. Pour plus d’informations et une description de la façon dont nous classons les organismes vivants, consultez mon article sur la taxonomie.
Règne : Animalia (Animaux)
Phylum : Chordata (Possède une « colonne vertébrale » de base)
Classe : Mammalia* (Mammifères)
Ordre : Chiroptera (Chauves-souris)
Sous-ordre : Microchiroptera (Micro-chauves-souris)
Famille : Rhinolophidae (Chauves-souris à nez en feuille du fer à cheval et de l’ancien monde)
Genus : Rhinolophus
Espèce : hipposideros
* Pour les plus soucieux de taxonomie d’entre vous, certaines autorités divisent davantage les Mammifères, plaçant les chauves-souris dans l’infra-classe Eutheria et la cohorte Unguiculata. La signification précise de ces regroupements supplémentaires dépasse le cadre de cet article, mais il suffit de dire que c’est une façon plus complète de regrouper certains mammifères.